Acquisitions Récentes

Privée de vide-greniers et de trouvailles aux puces par une météo capricieuse, j'ai dû prendre mon mal en patience ces dernières semaines, rêvant déjà aux beaux jours et anticipant mes prochaines prises. En attendant de rentrer de partie de chine les bras chargés, je me suis occupée des dernière petites choses entrées en ma possession récemment : deux sacs d'époque restriction textile, et un numéro de Mon Ouvrage de Janvier 1940, rare témoin historique aux articles fort intéressants.

 

Sous un tas de Petit Echo de La Mode des années 50, ce numéro abîmé de Mon Ouvrage, daté du 1er Janvier 1940, a attiré mon attention. Le jeune homme lisant une lettre, cigarette à la main, nonchalamment appuyé sur le dossier d'une chaise sur fond de paysage de campagne, semble serein, calme, presque résigné. Près de lui, ces quelques mots : "Sur le front !" sont sans équivoque... La guerre est là.

Alors, pour que ces homme jeunes et moins jeunes puissent passer un Hiver chaudement protégés, on exhorte ces dames à leur tricoter les meilleurs chandails, chaussettes, genouillères ou plastrons.

 On parle d'effort de guerre, de devoir d'Etat... Notions si éloignées de notre vie actuelle que nous ne pouvons avoir qu'une très vague idée de ce que cela peut impliquer dans la vie quotidienne...

Je n'avais pas encore, parmi tous les magazines d'époque que je possède, de pages exprimant aussi clairement ces notions, ces obligations. Les journaux de mode de l'époque sont souvent plus discrets, moins directs, enveloppant d'un peu de légèreté un quotidien rendu difficile par la guerre...

Autres acquisitions récentes, deux sacs de période restriction textile qui viennent rejoindre ma collection. Deux sacs très abîmés, très différents, mais à mon sens d'égale importance dans leur dimension de témoins silencieux de cette période de débrouille formidable. Voyons-les plus en détails :

Le premier est en velours rouge sang et noir, doublé d'une soie bleu nuit qui a pas mal souffert au niveau de la fermeture. Le sac est monté sur du carton dont on sent bien la rigidité à travers le tissu, et pendu après un bout de bois recouvert (peut-être un tronçon de manche à balai ?).

 Dans son ensemble le sac a beaucoup souffert d'un stockage hasardeux, et porte les stigmates des années : traces d'humidité, taches éparses et indélébiles, trous faits par le passage de vers qui semblent avoir squatté un moment en se délectant de morceaux de carton. Manquent deux pièces sur l'avant du sac, sans doute des initiales en métal comme il était courant d'en coudre sur son sac en guise de décoration comme de signe d'appartenance. La personne les aura décousues pour les réutiliser ailleurs lorsqu'elle a abandonné ce sac à son triste sort, au milieu d'autres reliques oubliées...

Aspiré, brossé, dépoussiéré et traité contre les bestioles, ce vieux pépère malheureusement inutilisable reste tout de même un exemple assez représentatif du système D et des modèles typiques de l'époque.

Il en est de même pour le suivant :

Cadre en bois, peint, forme trapézoïdale typique, peu de cuir mais matériaux de récupération, ce petit sac malheureusement très abîmé est un parfait exemple de système D car il est indéniablement représentatif du travail d'une couturière amateur avec un talent très...modéré. 

En effet le sac dans sa forme même est plutôt irrégulier, les empiècements de cuir sont coupés à la va-vite sans régularité, le tissu manque sur les côté et rend l'ouverture difficile...mais le plus flagrant du côté "fait maison" est sans doute l'intérieur du sac :

 ...composée de plusieurs coupons de tissus variés dont la plupart semble être des chutes de lingerie (les fleurettes sur fond clair sont un signe assez typique de la lingerie de l'époque, soutifs faits maison ou combinettes par exemple) ou de pyjama (morceaux à rayures), la doublure cousue à la va-comme-jte-pousse trahit le manque d'expérience de la couturière, mais aussi la nécessité de faire avec ce que l'on avait sous la main. Ainsi il y a fort à parier que le cadre en bois est fait de simples baguettes de bois assemblées et peintes, voire même, pourquoi pas, d'un cadre de tableau trouvant là un nouvel usage ! Même les fixations sont étonnantes : au milieu de quelques petits clous qui maintiennent le corps du sac sur son cadre, des punaises, oui des punaises ! achèvent d'ouvrage.

Cabossé, écrasé, taché... Il n'a pas fière allure et pourtant je lui ai redonné un bon coup de pep's, car il est arrivé chez moi plus mal en point encore. Rien à faire contre ses taches, mais je l'ai dépoussiéré, brossé, j'ai graissé son cuir et nettoyé le bois, je l'ai bourré de papier et ai retravaillé son carton pour qu'il retrouve sa forme... 

Mais même comme ça, c'est une pièce importante de ma collection car il est on ne peut plus représentatif du fameux système D.

Et pour finir, et vous faire saliver aussi un peu sans doute, voilà ma collection au complet ou presque !

 Dix-sept sacs uniques, très différents, ayant chacun leur propre histoire, leurs caractéristiques et leur originalité... Il me tarde évidemment d'en trouver encore d'autres pour agrandir ma collection !

A bientôt :-)